L’administration doit revoir sa copie !

publié le 24 octobre 2016
0

De nombreu.x.ses fonctionnaires passent par des « écoles de service public ». En formation continue parfois. Parce qu’elles / ils ont réussi un concours souvent. Ces écoles sont plus de 25 en France. C’est le cas pour les conseillères et conseillers en insertion et probation de l’administration pénitentiaire (ENAP), les responsables des achats des hôpitaux publics (EHESP), les chargé.e.s de missions des Ministères (IRA) et pour bien d’autres encore.

L’État est loin d’être exemplaire en matière d’égalité femmes-hommes, avec des inégalités de salaires et de carrière dont le « statut » ne protège nullement, contrairement aux idées reçues. Eh bien, c’est dès la formation que se forgent les inégalités au sein des trois fonctions publiques (fonction publique d’État, fonction publique territoriale et fonction publique hospitalière). En effet, dans ces écoles de service public, l’égalité entre les femmes et les hommes n’est t toujours pas d’actualité. Malgré le concours. Car il arrive aux femmes de devenir mères. Et ça, ça ne rentre pas dans les cases. Comment intégrer un congé maternité dans une formation qui a une durée limitée ? La question est complexe, les réponses doivent forcément l’être aussi. Mais les écoles choisissent trop souvent d’y répondre de manière simple (simpliste ?) en disant aux femmes : « Vous n’avez qu’à reporter le bénéfice de votre concours ». Concrètement, ça veut dire que les femmes concernées poireautent, ont leur enfant, et re-poireautent jusqu’à ce qu’une nouvelle session de formation s’ouvre. Pendant ce temps, si elles ont de la chance elles ont déjà un emploi (dans la fonction publique ou ailleurs) et peuvent avoir un congé maternité rémunéré. Sinon… tant pis pour elles ! Concrètement, ces femmes perdent un an, voire plus. Un an de carrière. Un an d’ancienneté. Un an d’opportunités de promotions.

Saviez-vous que, malgré tout, certaines font le choix de ne pas reporter le bénéfice de leur concours et d’aller jusqu’au bout ? Pour ne pas perdre un an. Mais à quel prix ? Elles ne savent pas toujours quel impact leur grossesse aura sur leur formation. Sur leurs évaluations (qui pourront en pâtir si elles ont été absentes). Et donc là encore sur le poste qu’elles pourront occuper par la suite, qui dépend souvent de la qualité de leurs évaluations.

Saviez-vous que des dizaines de femmes sont concernées chaque année avec un impact de très longue durée sur leur carrière ?

Saviez-vous que pour les hommes qui deviennent pères en cours de formation, cela n’a évidemment, pas le moindre impact ?

Il est temps que cela cesse. Sous couvert d’égalité de traitement, on produit des inégalités réelles majeures. Ces écoles doivent se mobiliser pour sortir de ce jeu de dupes qui entrave les femmes dans leur carrière. Des solutions existent : évaluations anticipées, individualisation des temps de formation, adaptation des évaluations, remise en cause de la logique de classement, etc. Il est de la responsabilité du Ministère de la Fonction publique de faire de cette question une priorité d’action. Pour toutes les femmes qui sont passées par ces écoles en étant enceintes ou en étant contraintes, devant l’ampleur des difficultés, de repousser un désir de grossesse, il est trop tard. Combien d’autres femmes pâtiront de l’inaction des pouvoirs publics avant qu’ils ne se décident enfin à agir ?

Alice L.

Réagir !

Votre mail ne sera pas publié.