Bonne nouvelle, grossesse souhaitée, premier bébé : génial !
Mais comment fait-on pour déclarer cette situation au travail ? Surtout quand on nous conseille de ne rien dire avant trois mois…
Sauf que, quand on travaille avec des produits qui peuvent nuire au fœtus, on ne se pose pas longtemps la question, et après quelques coups de fil on trouve les démarches à réaliser rapidement.
Me voilà à seulement un mois de grossesse, demander un RDV avec mon hiérarchique pour lui annoncer la nouvelle, histoire de pouvoir lui faire remplir les documents ad hoc qui me permettront de prendre RDV avec le médecin du travail pour l’adaptation de mon poste.
Un petit pincement au cœur tout de même, annoncer sa grossesse à son chef avant de le dire à sa famille ça fait bizarre, mais comme c’est pour la sécurité du bébé, on va faire ce qu’il faut.
Donc, me voici en face de mon gentil chef, qui tout sourire, se demande pourquoi on est là.
Je lui explique que je veux qu’il remplisse le document me permettant de demander RDV à la médecine du travail pour ne plus manipuler de produits nocifs pour mon futur enfant parce que oui, j’attends un enfant !
Ce pauvre petit monsieur reste bouche bée, me regarde avec des yeux ronds et quand enfin il arrive à prononcer un mot, il me dit : « Oh merde !!! Mais comment je vais faire ??? »
Moi je me dis qu’il manque d’effectifs, qu’il ne sait pas à qui il va faire faire les essais etc. Mais non, c’est pas du tout ça. Il m’avoue rapidement que je lui ajoute une charge de travail conséquente parce non, il n’a jamais rencontré ce genre de situation et que franchement, il s’en serait bien passé. Comment il va faire ? Qui appeler ? Et est-ce que quelqu’un peut l’aider ????
Ben ouais, c’est hyper dur d’être le chef d’une femme enceinte dans la métallurgie !
Une fois la visite avec le médecin réalisée, j’apprends un truc super : j’ai le droit de me garer sur des places réservées à proximité des entrées pour mon bien-être de femme enceinte. Ils sont trop gentils. Après un petit repérage, je me rends compte que les places en question sont réservées aux handicapés (ça c’est la classe).
En fin de congé maternité, j’avais vraiment hâte de retrouver mes collègues et de reprendre mon activité. Mon retour n’a pourtant pas été aussi gai que prévu, entre le collègue qui me demande si ce n’est pas trop dur d’abandonner son enfant, et ceux qui font la gueule parce que pendant 5 mois, ils se sont reparti ma charge de travail… C’était sympa.
Encore une chose importante que j’ai pu apprendre : pas la peine de remplacer une femme enceinte pendant son congé maternité, c’est vrai qu’on ne va pas faire comme si l’absence était prévisible. Dans le genre hyper valorisant, c’est pas mal ! Et puis pour une reprise en douceur c’est foutu, tous les projets et indicateurs sont dans le rouge écarlate alors à rattraper, ça va être la galère. Le rythme fut plus qu’intensif.
C’est vrai que dans ma boîte, quand on a le toupet de demander que l’entreprise réfléchisse à la possibilité de faciliter l’accès à des places en crèches, on soupire et on nous répond très gentiment que ça ne vaut pas la coup. La raison est simple : « Il n’y a que des hommes et les hommes n’ont pas d’enfants ! » (propos d’une responsable en relation sociales). C’est vrai ça, comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ?!
Après j’ai changé de chef. Lors de mon entretien individuel, il a calculé mon ancienneté et là il m’a annoncé que le congé maladie – il voulait dire maternité – se déduit de l’ancienneté… Mieux vaut en rire même si sur le coup, croyez-moi, c’est pas simple.
Et les bonnes infos, c’est les élus de mon site qui me les ont fournies, ils essayent de faire bouger les lignes, de faire évoluer les mentalités. Plusieurs enquêtes ont été réalisées. Il est officiellement demandé à la direction de s’attacher à mettre à disposition toutes les informations utiles auprès des salariés mais également de leur hiérarchie (qui reste à former sur la question !).
Espérons que celles et ceux qui auront la joie d’approcher le stade de nouveaux parents pourront désormais le faire avec plus de sérénité…
Annabelle, technicienne recherche et essai dans l’automobile